Qatar, mon combat


En 2008, je m’installe à Doha pour créer mon entreprise de management. Quelques mois auparavant, Qatar Pétroleum était venu me rencontrer à Londres puis à Rome afin de me convaincre de choisir l’Emirat pour ma prochaine aventure
51%
Au Qatar, la Kafala est en vigueur, il s’agit de la loi islamique obligeant tout résident étranger à dépendre administrativement d’un sponsor et imposant à toute création d’entreprise un partenaire local à 51 %.
Soucieux de préserver mon indépendance et mes valeurs éthiques, j’ai décidé d’investir mes propres fonds dans la création de mon entreprise qui constituait à mes yeux la consécration d’une vie vouée au management de projets. Ma société connut immédiatement un succès important qui dépassa les limites du Moyen-Orient.
Contraint à respecter la législation locale, en dépit d’un « side agreement » dûment enregistré auprès du ministère qatarien du Commerce, je suis minoritaire dans sa propre société.
Au Qatar, la Kafala est en vigueur, il s’agit de la loi islamique obligeant tout résident étranger à dépendre administrativement d’un sponsor et imposant à toute création d’entreprise un partenaire local à 51 %Le système de la Kafala, qui oblige un travailleur étranger à avoir un « sponsor » local qui a tout pouvoir sur lui, jusqu’à la possession de son passeport, est un absurde et archaïque système de servage.
12 chèques
En 2014, mon sponsor me demande de céder ma société dans laquelle j’avais investi 2 350 000 €. J’accepte donc de céder mes parts pour 3 millions d’euros. Mais mon sponsor, membre de la famille royale et cousin direct de l’Émir du Qatar, ne l’entend pas ainsi et décide de s’approprier la totalité des parts de ma société sans rémunérer mes investissements ni mes profits.
Je me trouve alors démuni de tout soutien légal. Les comptes bancaires de ma société sont vidés à mon insu et les chèques de garantie sont rejetés pour manque de provision. Or, au Qatar, chaque chèque sans provision est passible d’un à deux ans de prison. Avec tous les chèques effectués pour loger les employés, payer des factures… Je tente de régler ce que je peux avec des fonds personnels, mais il reste douze chèques pour un montant avoisinant les 300 000 €, et je suis condamné à plus de 33 ans de prison.
ion. Or, au Qatar, chaque chèque sans provision est passible d’un à deux ans de prison. Avec tous les chèques effectués pour loger les employés, payer des factures… Je tente de régler ce que je peux avec des fonds personnels, mais il reste douze chèques pour un montant avoisinant les 300 000 €, et je suis condamné à plus de 33 ans de prison.

5 ans
Enfermé dans l’un des centres de détention les plus durs du monde, immergé parmi les pires criminels, noyé dans une foule de fanatiques islamistes et seul Français chrétien, je connais l’enfer. Gracié après 5 ans d’enfermement, j’ai vécu les attentats contre Charlie Hebdo et du Bataclan parmi les terroristes.
Mon sponsor, membre de la famille royale et cousin direct de l’Émir du Qatar, ne l’entend pas ainsi et décide de s’approprier la totalité des parts de ma société sans rémunérer mes investissements ni mes profits.Retour en France
Oublié des politiques, j’ai passé 5 ans en prison dans l’indifférence la plus totale de la part de la France, dont le corps diplomatique a pourtant comme devoir de protéger ses ressortissants français.
Mon expérience reste aujourd’hui inconnue du grand public. Comment expliquer que cette situation, aussi terrible qu’ubuesque, n’ait pas entrainé un véritable tollé médiatique ? Comment expliquer qu’aucun politique ne se soit emparé mon dossier ? Il faut croire que des intérêts étatiques économiques, stratégiques et financiers ont primé sur ma liberté.
J’ai donc passé 1744 jours plongé dans l’enfer, et pire, dans l’incertitude. Incertitude quant à mon sort, quant à ma date de sortie. Et ce dans l’indifférence la plus totale de la part de la France.